Le souper à Emmaüs, National Gallery, Londres
Le Caravage était un "sale type". Mais quel talent !
Cette scène illustre un bref passage de l'Evangile de Luc :"...il prit le pain ; et, après avoir rendu grâces, il le rompit et le leur donna. Alors leurs yeux s'ouvrirent..."
Il y a du merveilleux dans cette histoire puisque avant de l'inviter à leur table en pèlerins chaleureux, ils n'ont pas reconnu le Ressuscité ! "Leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître"...
Qu'importe, le maître baroque nous invite à voir. La lumière qui vient d'en haut à gauche. La transparence de la carafe, la brillance de la cruche, le reflet de la nappe sur le visage de gauche... La couleur chaude, le rouge, et son complémentaire, le vert sombre. Les postures, qui saisissent la consternation de l'instant. L'ombre portée derrière le Christ lui fait une habile auréole. Grâce au fond noir l'attention se porte uniquement sur les personnages. La corbeille de fruits dépasse de la table, et donne encore plus de relief au tableau.
Et cet inouï ensemble de petites choses qui insufflent son naturel, son authenticité à la scène : les faciès des personnages, les défauts de la pomme, la déchirure du vêtement à gauche, l'usure un peu crasseuse de la cape de cuir à droite. Mais il y a un détail que je voulais te montrer :
Par convention en matière d'art, le pèlerin porte une coquille. Peu importe l'époque, le lieu et la scène en question. Signe à la fois complexe et d'une grande simplicité, la coquille fait partie du code du voyageur en quête d'absolu.
Un autre article sur l'art et le Chemin de Compostelle ICI