Récit Vilalcazar de Sirga - Carrion de los Condes -
Terradillas de los Templarios
Texte sonorisé 34 km
(cliquer sur la video en bas de page)
Jour de pluie Ph. J F F
En chemin, c'est comme ailleurs, quand il pleut longtemps le moral baisse. De la pluie, il en est tombé toute la nuit. Une gouttière de l'hôtel n'a pas manqué de l'éclabousser à voix haute. Il pleut et il continuera de pleuvoir toute la matinée. Se couvrir, et partir quand même.
Juste avancer, se battre contre les rafales de vent, baisser la tête et canaliser son esprit pour qu'il reste déterminé. Il y a aussi des paroles apprises dans l'enfance qui peuvent aider, textes courts cent fois, mille fois répétés, surtout le dimanche, ou chansons d'enfance oubliées, petites musiques, grande musique, on les répète, content de les retrouver. Les paroles et les airs étaient restés intacts dans la mémoire. On les répète encore pour oublier qu'il pleut et qu'on ne voit rien.
Le personnage, sous sa cape verte, que je rattrape, c'est Romano, parti plus tôt. Une photo, et on continue. Je comprends qu'il préfère se trouver seul en chemin.
A Carrion de los Condes, c'est malheureux, mais pas le temps d'admirer les sculptures de la façade. Tête baissée à cause de la pluie, il est davantage loisible de rêver sur les marques en bronze qui font tant d'effet...
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| Carrion de los Condes |
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Au vingt-cinquième kilomètre le temps finit par se dégager un peu.
Le chemin m'amène au cœur d'un village, "les petites terres des Templiers" ces chevaliers-moines qui furent les premiers libérateurs du nord de l'Espagne. Je me trouve devant la porte d'une albergue qui n'a pas tout à fait l'apparence attendue. Elle porte le nom grandiose de Jacques de Molay. Voilà qui nous ramène à Paris en un clin d'œil.
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| Ce Jacques-là, c'est le Maître de l'Ordre des Templiers, celui que Philippe le Bel fit arrêter méthodiquement, un jour devenu célèbre de par le monde : le 13 octobre 1307. Un vendredi de surcroît. En disparaissant quelques années plus tard, le Maître et ses frères emportèrent avec eux, à jamais, le secret d'un trésor... |
A peine franchi le seuil de cet albergue, il y a comme une gêne, un malaise qui durera jusqu'au lendemain. A l'intérieur, les murs des cloisons ne montent pas jusqu'au toit... D'une chambre à l'autre tous les bruits vont et viennent. Quant au rez-de-chaussée, la salle à manger est enfumée par les cigarettes allumées l'une sur l'autre, y compris celles du patron. Il devait y avoir moins de fumée sur l'Ile aux Juifs au moment de l'infâme exécution.
En prenant l'air dehors et en visitant ce pueblo en une minute chrono, on comprend vite que le chemin a été détourné pour éviter de passer devant le refuge pèlerin municipal indiqué dans le guide ! Le village a appartenu aux Templiers. Il appartient maintenant, en partie du moins, au monde de l'argent gagné "à l'arrache". Désagréable sensation d'avoir été floué. Attends demain, on essaiera d'élever son esprit,