Quelle andouille, ce Wagner ! Mais sa bévue, en définitive, va lui rapporter. En plein Second Empire, dix ans avant la déconfiture de Sedan, la version française de son opéra est représentée à la salle Le Peletier. Le teuton n’écoute pas les conseils avisés de la direction du théâtre : il est essentiel de placer le Grand Ballet en deuxième partie. Ainsi les membres du Jockey Club qui arrivent toujours en cours de spectacle pourront reluquer les danseuses et surtout leurs petites protégées, à leur guise.
Richard Wagner n’écoute rien, ne change rien et laisse le ballet au premier acte. Sifflets, quolibets, protestations ! La presse internationale relaie le scandale. Trois représentations seulement, mais l’œuvre devient mondialement connue.
On s’est éloigné des pèlerins, non ? Que viennent-ils faire dans l’histoire érotique de ce héros compliqué, qui fut heureux, enchaîné par Vénus et ses délices, puis s’en est lassé ? Trois femmes tournent autour de Tannhäuser qui échappe à la déesse grâce à la Vierge, et retrouve une amie d’enfance dont il continue d’être amoureux.
L'arrivée de ces gueux sur scène, lente et progressive, est un moment fort et épique dans cette œuvre de Wagner. Voici à quoi servent les pèlerins qui "passent par là" : ils apportent l’invitation au voyage, non à saint-Jacques mais à Rome. Avec eux, Tannhäuser ira quérir auprès du pape la rédemption qui lui permettrait de finir sa vie en paix. Il reviendra déçu, le pape n’a pas le pardon facile.
Evidemment tout cela finit mal. Ou bien, selon qu’on y croie ou non.
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