Le mystère Manier, pèlerin de Compostelle 1

Une vie sans fin

Une partie de la vie de Guillaume Manier (je t'en parlais ici) est bien connue : son pèlerinage à Compostelle. Tailleur de métier, c'est un personnage truculent. Observations pittoresques, aventures assez rocambolesques. Un voyage à pied, aller et retour. Son histoire date du XVIIIème siècle, avant l'invention du train...

Voici ce que Jean-Claude Bourlès, auteur de "Passants de Compostelle" (Petite bibliothèque Payot), dit de Guillaume Manier et de ses compagnons arrivant à Saint Jean de Luz :

Paris,  300 ans après Manier

"Ces derniers ont déjà beaucoup marché et énormément vu. Partis de leur village de Carlepont (en Picardie), ils sont allés à Paris, dont le tailleur d'habits dresse un inventaire qui dénote un esprit ouvert et curieux de tout. A la Sainte Chapelle, l'abondance des reliques exposées, loin de le surprendre, l'émerveille. Il note la couronne d'épines du Christ, les langes et des drapelets dans lesquels la Vierge enveloppa l'enfant, les chaînes de fer qui le lièrent, la nappe de la Cène, une partie de la vraie Croix, l'éponge et

le fer de lance qui lui perça le côté, sa robe de pourpre, le roseau que les Juifs lui donnèrent pour sceptre, une partie du Saint Suaire, du lait de la Vierge, une partie du chef de Jean-Baptiste.

Ensuite ils se dirigent vers Orléans, Blois, Amboise, Châtellerault, Poitiers puis Briou(x), où ils échappent de peu à une rafle des archers de la Milice, qui sous différents prétextes se saisissent des étrangers pour "les embarquer de force vers les îles". Merveilleux Manier, qui face à l'arbitraire cherche et trouve des explications : cette fois l'arrestation serait justifiée par les vols trop fréquents, ou un viol collectif commis par une bande de quatorze garçons.

Orléans, 200 ans avant Manier

En fait il n'en sait rien et marche vers Aulnay (entre Melle et Saintes) en ne se souvenant que de la "grande terreur éprouvée". Itinéraire ordinaire du chemin venant de Paris : ils traversent Saintes, s'arrêtent à Lajard le temps de voir un homme "de la compagnie de Cartouche, nommé "Bride les Boeufs", et son garçon "Bride les Vaches", roués en place publique", et poursuivent vers Blaye, Bordeaux, Gradignan, Dax, où une source d'eau chaude l'intrigue :

"C'est une fontaine bouillante, ni carrée ni ronde, elle jette de l'eau toute fumante dans la rue et chacun en prend pour laver la vaisselle. Autrefois, un menuisier qui était fou à courir les rues est tombé malheureusement dedans. Il fut retiré sur-le-champ si cuit qu'il tombait par lampions (lambeaux)"...

Ils repartent vers Bayonne, où ils couchent chez Madame Belcourt..."

Et en "Espangne"(sic), et au retour ? Sait-on ce qu'il advint ? La suite...

dans un prochain article.

Comments

[Joelaindien]

ta remarque est tout à fait justifiée, et c'est une des limite du travail ! @+

[J F F]

Ca me rappelle un cours donné par Hubert Beuve-Méry qui disait que l'importance des nouvelles dans les journaux était proportionnelle au nombre de morts et inversement proportionnelle à
l'éloignement du lieu où se passe l'évènement !

[Joelaindien]

Hello !
un passage et un petit coucou pour te signaler que suite à l'ouragan Sandy,
et les debâts sur les conséquences du réchauffement climatique
j'ai fait une carte des catastrophes naturelles dans le monde depuis 2008,
très instructif sur certains points !
@+

[J F F]

Bonjour Joël,    et merci pour cette info.    Brrrrrrrr ! Naviguer de catastrophe en catastrophe, ça risque de ne pas être très réjouissant !  Attention, on
risque de moins parler de celles qui se déroulent aux antipodes, telle est la dure loi du journalisme...


Bon courage !