Vivre les rencontres |
Solitude à Laredo Photo Hubert Bancaud
Au milieu du Chemin du Nord en Espagne, au delà de Llanès, bien après San Sebastian, les conditions ne sont pas toutes favorables, mais le pèlerin avance, quoi qu'il arrive...
Informé des échanges sur ce blog (voir l'article sur les présentations en chemin), Hubert pense aux rencontres et à leur facilité... Conversation :
| - Comment fais-tu pour rencontrer d'autres pèlerins ? A l'étape, après plusieurs heures de marche sur le Camino del Norte, on attend tranquillement à quelques mètres de l'albergue. Petit à petit arrivent les pèlerins. | |
Quand on croise un pèlerin hollandais Ph H B |
Ces derniers jours nous ne sommes pas nombreux (entre deux et dix). C'est alors qu'on commence à se parler.
Généralement on parle toutes les langues sauf la plus simple pour communiquer. Ainsi, avec un de mes compagnons, après dix minutes à essayer de dialoguer en espagnol et en anglais, nous nous sommes rendu compte que nous étions français tous les deux !
- Facile, la mise en contact ?
Oui, pas de jugement à priori, pas d'étiquettes. Les étiquettes, on ne les connaît pas. Après quelques jours passés sur le Camino del Norte, la deuxième question que l'on pose est : De quel pays viens-tu ?
Ensuite, on demande de quelle ville on est parti le matin, et depuis combien de jours nous sommes sur le Camino.
- Alors, d'où sont-ils partis ? Pour le moment, les autres pèlerins rencontrés, quel que soit leur pays d'origine, sont partis, au plus loin, de la frontière franco-espagnole. Sauf mon coéquipier, avec qui je partage le Camino depuis Santander. | ||
El Arbol Ph H B |
Il est parti de chez lui à Angers, un jour après moi, en empruntant en France, un chemin parallèle au mien (le chemin d'Anjou, puis la Voie de Paris via turonensis ndlr).
- Quelle est la teneur de vos échanges ?
Après ces questions, en général on parle de nos impressions du Camino del Norte. Beaucoup de pèlerins sont assez déçus, parce qu'ils font la comparaison avec le Camino Francès. Pour eux ici il n'y a pas l'esprit du chemin, il y a tout un tourisme autour des pèlerins : peu d'auberges municipales, les autres sont très chères, souvent sales... etc. J'en ai vu partir et retourner sur le Camino Francès ! (d'autres font le contraire ndlr)
Alors j'essaie de leur expliquer que le pélé se passe dans la tête. mais bon... comme on dit, chacun voit midi à sa porte.
- Après avoir fait connaissance, c'est chacun pour soi ? Non, on arrive à trouver certains pèlerins avec qui partager le repas et continuer de nous rencontrer. | ||
Avec Christine et Marianne Ph H B |
Ce n'est pas facile depuis quelques jours, les autres pèlerins sont, pour plus de la moitié, assez hermétiques...
- Est-ce que tu garderas tous tes contacts ?
Pas tous. Généralement c'est au plus vite, au bout de deux ou trois heures, que l'on se demande nos prénoms... parfois, après avoir passé trois jours avec certaines personnes, on ne sait toujours pas leur prénom. Et pourtant on a fraternisé, on s'est offert à boire, on a partagé de très beaux moments, on a discuté de sujets très profonds, malgré les barrières de la langue...
L'essentiel est vraiment dans le partage : des mots, des pensées, une bière, un bout de saucisson, une tisane, un coucher de soleil, un rêve....
Les rencontres se vivent, on analysera après...
Ainsi va la vie du chemin."
Liens pour
Les motivations d'Hubert, son premier article
VB qui a arpenté le Chemin de Compostelle en Pologne.
J F F qui raconte son chemin à l'envers (cliquer sur les derniers mots pour les jours suivants)