Encore un pèlerin
Trois ans avant sa mort, Breughel l’Ancien peint une scène de foule comme il les aime : La prédication de saint Jean-Baptiste (1566) rassemble tous les âges et tous les milieux, paysans, soldats, moines, civils, dans un cadre naturel où nous aimerions nous promener, si nous n’étions pas confinés. Le site domine un panorama aussi grandiose que bleuté. Tu aimerais le contempler ou le parcourir, si on ne t’avait pas consigné à la maison...
L’ermite désigne celui qui va sauver le monde, le messie, quoi ! D’un vague geste de la main il montre Jésus, lui aussi vêtu de bleu.
Les attitudes physiques sont variées mais les visages ont presque tous la même expression : écoute et réflexion. L’affaire est sérieuse, personne ne sourit. D’autres sont déjà dans la vénération, tête baissée, pour mieux entendre la parole ou pour méditer. La graduation de la taille des personnages donne sa profondeur à la scène, accentuée par l’arbre du premier plan, et l’infini de l’horizon sur la droite. Les couleurs sont riches et naturelles, des rouges, des bleus, des bruns. Le vert de la nature sert de toile de fond.
Au premier plan sont des personnages venus de loin, très loin : à gauche, un oriental coiffé d’un turban, au centre un Bohémien dit la bonne aventure à un bourgeois à fraise. L’homme qui palabre à droite vient-il d’Italie ? Son vêtement d’azur est brodé du Tau des Chevaliers...

Le personnage qui m’intéresse le plus est assis au pied de l’arbre. Lui aussi vient de loin : chapeau au large bord, bissac en bandoulière, bourdon à la main, barbe au visage, c’est un pèlerin.

Si tu en doutes, attends le prochain article...
D’autres articles sur les pèlerins dans l’art : chez Velasquez, chez Breughel, chez Berlioz, chez Caravage, chez Véronèse, chez Van Eyck, chez Renaud Garcia Fons, chez Freddy Mouchard, chez un anonyme, chez Wagner , chez La Fontaine et chez Gustave Doré, chez Franz Franken II .