Voie d’Assise Vézelay - Savoie 2

La Solitude

Retrouver la Liberté

Cette liberté, objet d’un article précédent, c’est la Solitude qui me la donne. «Il n'y a personne pour te dire où tu dois aller.» «Le choix et la contrainte sont miens, pas ceux de quelqu'un d'autre».

Etre seul sur le chemin, seul dans la forêt, seul devant un paysage, seul à repartir, seul à s’arrêter. Cette chance est aussi une option personnelle.

22 secondes

Opérer la Fuite

Pas besoin d’être clerc pour se rendre compte que les marcheurs au long cours s’enfuient. Du tintamarre omniprésent, des mensonges organisés, des nuisances extérieures, des communications orchestrées, y compris les bavardages d’internet, de tout ce que le cinéaste appelle à juste titre « la grande lessiveuse ». Partir seul est un moyen efficace de faire rupture complète et retrouver le rythme naturel et la valeur du temps présent.

Ordonnaz en Bugey

Faire Silence

La solitude, ça donne du silence. Forcément il n’y a pas de parole nocive, parasite, superflue. Seulement les pensées à gérer, à orienter vers le positif. Le silence permet l’introspection. Il autorise l’entre-soi. Dans le Morvan peu de routes, pas d’avion dans le ciel. La nature à l’état brut en apparence, en réalité façonnée par les hommes depuis les temps immémoriaux. Dans la Bresse, tout dépend du chemin choisi. Au bivouac comme dans la chambre individuelle, le silence finit toujours par se faire. Le silence est reposant, il est comme un espace élargi. Et pourtant le silence n’existe pas. La terre vibre d’elle-même. Les oreilles bourdonnent du vrombissement des insectes. En montagne, la musique est multiple : chant des grillons, des oiseaux et des ruisseaux.

2018 rencontres et séparations

Apprécier les Rencontres

Paradoxe : aimer la solitude, la rechercher et s’imaginer en permanence en train de parler, de raconter aux autres. La solitude te préserve du groupe, tu te garantis de tout esprit grégaire.

Deuxième paradoxe : la solitude favorise les rencontres. Les échanges véritables, la sensation spéciale que ceux qu’on rencontre nous sont désignés par le destin. Seul on est dans sa bulle personnelle, mais on n’est pas prisonnier de la bulle du couple ou du groupe. La rencontre commence par un bonjour, et mène à une conversation d’autant plus précieuse qu’elle est rare. Le dialogue est d’autant plus riche qu’il contraste avec le mutisme qui a précédé. Appréciation, jouissance de l’échange. Ensuite le marcheur va pouvoir méditer sur chaque parole entendue.

Et puis, n’oublions pas, la solitude, c’est romantique :

« Heureux qui, s’écartant des sentiers d’ici-bas,

A l’ombre du désert allant cacher ses pas,

D’un monde dédaigné secouant la poussière,

Efface, encor vivant, ses traces sur la terre,

Et, dans la solitude enfin enseveli,

Se nourrit d’espérance et s’abreuve d’oubli ! »

La solitude

Nouvelles Méditations Poétiques

Alphonse de Lamartine

En bonus :

Comment gérer la solitude, par The American Hike.

Remerciements à Françoise Neveux

Comments

[Jean-Paul]

Bien sûr que cheminer seul est préférable. Au moins, si on est mal accompagné on sait par qui et pourquoi.
Le Bressan que je suis resté apprécie l'hommage à sa provincette

[J F F]

Savoureux et excellent, ton commentaire, merci ! Je confirme pour l'avoir ressenti de trop nombreuses fois. J'ai beau avancer, il y a toujours moi-même qui me suit ou me suis... !