La Liberté
Tu as lu mon précédent parcours, de mon domicile à Vézelay (11 jours) en 2017. Il avait l'eau pour fil conducteur. Dans la continuité, en juin de l'an dernier, j'ai rallié les Alpes au départ de Vézelay. A pied. Toujours sur le Chemin d'Assise. Pendant 21 jours.
A y bien réfléchir, ce chemin s'est déroulé sous le signe de trois valeurs : Liberté, Solitude et Accomplissement.
De quelle Liberté s'agissait-il ?
- La liberté habituelle quand on s'en va sur les chemins et les routes, c'est celle qui brise les chaînes de la vie de tous les jours. Il paraît qu'au quotidien, on est assailli par 6000 messages publicitaires ! La douce privation de ces messages donne de la marge à l'esprit. Quelques panneaux, quelques signes de balisage, une centaine en tout et pour tout chaque jour, et le mental a la sensation de vivre par lui-même et pour lui-même, sans autre obligation que de suivre les règles de la nature. Avancer, fouler la terre de son pas, observer les arbres, sentir le temps qu'il fait, s'alimenter, se reposer, viser l'objectif du jour ou du moment, la crête qu'il faut atteindre ou le fond de la vallée à traverser.
- Aucune contrainte sur les horaires. Je me lève quand je veux, je me couche à l'heure que je décide de choisir. Gérer son temps à sa guise...
- Liberté physique : avoir le ciel au dessus de soi pendant plus de 20 heures. La liberté c'est sentir le vent sur son corps, le soleil sur la peau, n'avoir que l'air autour de soi, le sol sous les pieds, n'avoir que soi entre la terre et le ciel, que les arbres pour compagnons. L'espace s'est agrandi, il est ouvert dans toutes les directions...
- Liberté de changer son itinéraire, en fonction de soi. Il n'y a personne pour te dire où tu dois aller. Liberté de t'arrêter quand tu le souhaites. Tu peux suivre scrupuleusement les recommandations du descriptif. Mais quand tu t'aperçois qu'on te fait faire beaucoup de détours, tu as le droit d'en changer et tu n'as à en rendre compte à personne, pourvu que tu chemines à pied, toujours à pied. On veut te faire passer un col ? Pour quoi faire, si un tunnel existe ? Il ne te viendrait pas l'idée de traverser une rivière à gué ou à la nage quand il y a un pont !
- Liberté de choisir son hébergement. Dormir où et quand ça me chante. Le choix et la contrainte sont miens, pas ceux de quelqu'un d'autre. Je peux dormir dehors, je peux dormir à l'abri.
- Liberté de regarder respirer un monde simple. Fin de printemps. A Cure, les rosiers bordent le pré qui sert de cour de récréation. Les enfants du village sortent de la cantine. Ils ont entre 5 et 6 ans et jouent, se bousculent, rient, crient un peu. Une fillette aux yeux d'azur m'offre, pour rien, un pétale de rose rouge en forme de coeur. Il est toujours dans mon carnet.
Et la spiritualité dans tout ça ?
Solitude et accomplissement : attendre les prochains articles...
avec video