Sauver les gens
Saint Dominique sauvant des naufragés. Lluis Borrassà (vers 1360-1424/25) – Panneau d’un retable provenant du couvent de Sainte-Claire de Vic – Barcelone, 1414-1415 – Détrempe sur bois – Vic, Musée Episcopal.
Au temps jadis, il fallait franchir les rivières, les fleuves, les bras de mer, les estuaires. Tous ou presque se trouvaient en travers du chemin. Embarcations trop sommaires, bateaux peu manoeuvrants, courants traîtres, intempéries soudaines, mascarets puissants, sans compter les passeurs incompétents ou mal intentionnés… les risques rendaient le pèlerinage plus incertain.
« Borrassà, l’un des plus brillants peintres catalans de son temps, représente ici le sauvetage par saint Dominique de pèlerins anglais dont la barque, trop chargée, avait chaviré dans la Garonne aux environs de Toulouse.» Il semblerait que le naufrage fasse partie des thèmes récurrents de la prédication dominicaine.
« … Le voyage n’est que de l’espace parcouru et du temps, parce que chaque endroit de la terre ou de la mer est aussi bien un point de départ, un lieu de passage ou un terme, il ne lui reste que peu de matérialité. Seules valent les expériences de ceux qui entreprennent un jour de partir et les relations qu’ils veulent bien raconter ou écrire. »
Tableau pour le moins énigmatique :
- Que venaient faire à Toulouse ces pèlerins venus d’Angleterre et quel rapport avaient-ils avec le pourfendeur verbal des Albigeois ?
- Etaient-ils en chemin vers Compostelle ?
- Quelle que soit leur destination, pourquoi ne portent-ils aucun des ornements propres aux pèlerins ?
Citations et image issues de l’exposition Voyager au Moyen Age 2014-2015, Musée de Cluny.
Addendum
A la lumière des commentaires judicieux de Jean Paul et après examen attentif du tableau, il semble que les pèlerins du bateau naufragé n'aient été que dans l’imagination des organisateurs de l’exposition. Aucun des attributs du pèlerin n’y figure. Le mot en revanche apparaissait bien dans le cartel de l’œuvre.