La toute fin du chemin
De Burgos, sur le Camino, il faut faire un détour de 240 km et se rendre à Madrid pour voir ce tableau. Le triomphe de la mort. La grande faucheuse est au centre du paysage. Sur la droite l’extermination relève d‘une organisation toute militaire.
Tout le monde y passe, tous trépassent !
Sans exception. Au premier plan, Breughel fait figurer les personnages un peu différents du commun des mortels.
A gauche, un chef d‘état, dans sa cuirasse et son manteau de pourpre et d’hermine. Il n’en a plus pour très longtemps, c’est ce qu’indique le sablier. Comme les autres de son rang, il a vainement amassé l'or et l'argent…
L’évêque, qui nous tourne le dos, reconnaissable aux longs cordons qui tombent de son chapeau, est emporté par un squelette joliment coiffé, lui, de la pourpre cardinalice !
A droite un artiste joue et chante encore pour une belle, un squelette va l’accompagner de sa viole. Finies les agapes, la table est délaissée, comme le jeu de jacquet.
Et tout au centre, qui voit-on ?
Un jacquet justement. Personnage très important à la Renaissance ! Sa silhouette omniprésente devait être quotidienne dans toute l’Europe. S’il avait été rare, comment expliquer la présence de ce personnage, au premier plan, au beau millieu du tableau ?
Bourdon, calebasse, bissac, chapeau aux multiples insignes n’y feront rien, il se fait égorger proprement.
On est bien peu de choses.